Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
L’AMI FRITZ.

promener comme à vingt pas, et je loue le Seigneur de ses grâces. »

Alors la bonne vieille était heureuse, car David parlait sincèrement et sans flatterie.

Le rebbe avait aussi vu Fritz par-dessus la haie, quand il fut à l’entrée des chemins couverts, il lui cria :

« Kobus !… Kobus !… arrive donc ici ! »

Mais Fritz, craignant que le vieux rabbin ne voulût se moquer de son discours à la brasserie du Grand-Cerf, poursuivit son chemin en hochant la tête.

« Une autre fois, David, une autre fois, dit-il, je suis pressé. »

Et le rebbe souriant avec finesse dans sa barbiche, pensa :

« Sauve-toi, je te rattraperai tout de même. »

Enfin Kobus rentra chez lui vers quatre heures. Quoique les fenêtres fussent ouvertes, il faisait très-chaud, et ce n’est pas sans un véritable bonheur qu’il se débarrassa de sa capote.

« Maintenant, nous allons choisir nos habits et notre linge, se disait-il tout joyeux, en tirant les clefs du secrétaire. Il faut que Sûzel soit émerveillée, il faut que j’efface les plus beaux garçons de Bischem, et qu’elle rêve de moi. Dieu du ciel, viens à mon aide, que j’éblouisse tout le monde ! »