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L’AMI FRITZ.

« Eh bien, Katel, s’écria Schoultz, regardant dans la cuisine entr’ouverte. Eh bien ! est-il prêt ?

— Entrez, messieurs, entrez, » dit la vieille servante en souriant.

Ils traversèrent l’allée et restèrent stupéfaits sur le seuil de la grande salle ; Fritz était là, devant la glace, vêtu comme un mirliflore : il avait la taille cambrée dans son habit bleu de ciel, la jambe tendue et comme dessinée en parafe dans son pantalon noisette, le menton rose, frais, luisant, l’oreille rouge, les cheveux arrondis sur la nuque, et les gants beurre frais boutonnés avec soin sous des manchettes à trois rangs de dentelles. Enfin c’était un véritable Cupido qui lance des flèches.

«  Oh ! oh ! oh ! s’écria Hâan, oh ! oh ! oh ! Kobus… Kobus !… »

Et sa voix se renflait, de plus en plus ébahie.

Schoultz, lui, ne disait rien ; il restait le cou tendu, les mains appuyées sur sa petite canne ; finalement, il dit aussi :

« Ça, c’est une trahison, Fritz, tu veux nous faire passer pour tes domestiques… Cela ne peut pas aller… je m’y oppose. »

Alors Kobus, se retournant, les yeux troubles d’attendrissement, car il pensait à la petite Sûzel, demanda :