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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/284

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L’AMI FRITZ.

plein cintre du temps de Charlemagne. Les cloches sonnaient à pleine volée, c’était la fin de l’office ; la foule descendait les marches du péristyle, regardant ébahie : tout cela disparut aussi d’un bond.

Fritz, lui, n’avait qu’une idée : « Où est-elle ? »

À chaque maison il se penchait, comme si la petite Sûzel eût dû paraître à la même seconde. Sur chaque balcon, à chaque escalier, à chaque fenêtre devant chaque porte, qu’elle fût ronde ou carrée, entourée d’un cep de vigne ou toute nue, il arrêtait un regard, pensant : « Si elle était là ! »

Et quelque figure de jeune fille se dessinait-elle dans l’ombre d’une allée, derrière une vitre, au fond d’une chambre, il l’avait vue ! il aurait reconnu un ruban de Suzel au vol. Mais il ne la vit nulle part, et finalement la berline déboucha sur le place des Vieilles-Boucheries, en face du Mouton-d’or.

Fritz se rappela tout de suite la vieille auberge ; c’est là que s’arrêtait son père vingt-cinq, ans avant. Il reconnut la grande porte cochère ouverte sur la cour au pavé concassé, la galerie de bois aux piliers massifs, les douze fenêtres à Persiennes vertes, la petite porte voûtée et ses marches usées.

Quelques minutes plus tôt, cette vue aurait éveillé