Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
L’AMI FRITZ.

tira par ma manche, tout pâle, et me dit à l’oreille : « Il est près de toi !» Je me retournai donc, et je vis Hoche debout devant le poêle, les mains derrière le dos et la tête penchée en avant. Il n’avait l’air-de rien auprès des autres généraux, avec son habit bleu à large collet rabattu et ses bottes à éperons de fer. Il me semble encore le voir, c’était un homme de taille moyenne, brun, la figure assez longue ; ses grands cheveux, partagés sur le front, lui pendaient sur les joues ; il rêvait au milieu de ce vacarme, rien ne pouvait le distraire. Cette nuit même, à onze heures, les Français partirent ; on n’en vit plus un seul le lendemain dans le village, ni dans les environs. Cinq ou six jours après, le bruit se répandit que la bataille avait eu lieu, et que les Impériaux étaient en déroute. C’est peut-être là que Hoche a ruminé son coup. »

Le père Lœrich racontait cela simplement, et les autres écoutaient émerveillés. Il les conduisit ensuite dans la chambre voisine, leur demandant s’ils voulaient être servis chez eux ; mais ils préférèrent manger à la table d’hôte.

Ils redescendirent donc.

La grande salle était pleine de monde : trois ou quatre voyageurs, leurs valises sur des chaises, attendaient la patache pour se rendre à Landau ;