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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/297

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L’AMI FRITZ.

— À la danse ! » répétèrent les autres.

Ils vidèrent leurs verres debout et sortirent enfin, vacillant un peu, et riant si fort que tout le monde se retournait dans la grande rue pour les voir.

Schoûltz levait ses grandes jambes de sauterelle jusqu’au menton, et les bras en l’air :

« Je défie la Prusse, s’écriait-il d’un ton de Hans-Wurst, je défie tous les Prussiens, depuis le caporal schlague jusqu’au feld-maréchal ! »

Et Hâan, le nez rouge comme un coquelicot, les joues vermeilles, ses gros yeux pleins de douces larmes, bégayait :

« Schoûltz ! Schoûltz ! au nom du ciel, modère ton ardeur belliqueuse ; ne nous attire pas sur les bras l’armée de Frédéric-Wilhelm ; nous sommes des gens de paix, des hommes d’ordre, respectons la concorde de notre vieille Allemagne.

— Non ! non ! je les défie tous, s’écriait Schoûltz ; qu’ils se présentent ; on verra ce que vaut un ancien sergent de l’armée bavaroise : Vive la patrie allemande ! »

Plus d’un Prussien riait dans ses longues moustaches en les voyant passer.

Fritz songeant qu’il allait revoir la petite Sûzel, était dans un état de béatitude inexprimable.

« Toutes les jeunes filles sont à la Madame-