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L’AMI FRITZ.

ma belle amie, ma parfaite ; tes yeux sont comme ceux des colombes ! » Enfin il se coiffa de son feutre et prit son bâton, plein d’ardeur.

Mais comme il sortait prévenir Katel de ne pas l’attendre le soir ni le lendemain, qu’est-ce qu’il vit ? La mère Orchel au bas de l’escalier ; elle montait lentement, le dos arrondi et son casaquin de toile bleue sur le bras, comme il arrive aux gens qui viennent de marcher vite à la chaleur.

Je vous laisse à penser sa surprise, lui qui partait justement pour la ferme.

« Comment, c’est vous, mère Orchel ? s’écria-t-il ; qu’est-ce qui vous amène de si grand matin ? »

Katel s’avançait en même temps sur le seuil de la cuisine, et disait :

« Eh ! bonjour, Orchel. Seigneur, que vous avez marché vite ! vous êtes tout en nage.

— C’est vrai, Katel, répondit la bonne femme en reprenant haleine, je me suis dépêchée. »

Et se tournant vers Fritz :

« J’arrive pour l’affaire dont Christel vous a parlé hier à la fête de Bischem, monsieur Kobus. Je suis partie de bonne heure. C’est une grande affaire ; Christel ne veut rien décider sans vous.

— Mais, dit Fritz, je ne sais pas ce dont il s’agit. Christel m’a seulement dit qu’il avait une affaire de famille qui le forçait de retourner au Meisen-