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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/325

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L’AMI FRITZ.

— C’est très-bien, fit Kobus, se demandant où tout cela devait les mener.

— Oui, dit-elle, Hans-Christian est notre cousin ; Christel m’a raconté que vous l’avez vu hier à Bischem. C’est un homme de bien, il a de bonnes terres du côté de Bieverkirch, et un garçon qui s’appelle Jacob, un brave garçon, monsieur Kobus, rangé, soigneux, et qui maintenant approche de ses vingt-six ans : personne n’a jamais rien entendu dire sur son compte. »

Fritz était devenu fort grave :

« Où diable veut-elle en venir avec son Jacob ? se dit-il tout inquiet.

— Sûzel, reprit la fermière, n’est pas loin de ses dix-huit ans ; c’est en octobre, après les vendanges, qu’elle est venue au monde ; ça fait qu’elle aura dix-huit ans dans cinq mois : c’est un bon âge pour se marier. »

Les joues de Fritz tressaillirent, un frisson passa dans ses cheveux, et je ne sais quelle angoisse inexprimable lui serra le cœur.

Mais la grosse fermière, calme et paisible de sa nature, ne vit rien et continua tranquillement :

« Je me suis aussi mariée à dix-huit ans, monsieur Kobus ; cela ne m’a pas empêchée de bien me porter, Dieu merci !

« Pelsly, connaissant nos biens, avait pensé de-