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L’AMI FRITZ.

Allons, Sûzel, bois un petit coup, cela te donnera du courage.

— Merci, monsieur David, » répondit la petite à voix basse.

Et le vieux rebbe se redressa content, la regardant d’un air tendre tremper ses lèvres roses dans la tasse.

Tous regardaient avec un véritable plaisir, cette jolie fille, si douce et si timide ; Iôsef lui-même souriait. Il y avait en elle comme un parfum des champs ; une bonne odeur de printemps et de grand air, quelque chose de riant et de doux, comme le habillement de l’alouette au-dessus des blés ; en la regardant, il vous semblait être en pleine campagne, dans la vieille ferme, après la fonte des neiges.

« Alors, tout reverdit là-bas, reprit Fritz ; est-ce qu’on a commencé le jardinage ?

— Oui, monsieur Kobus ; la terre est encore un peu fraîche, mais, depuis ces huit jours de soleil, tout vient ; dans une quinzaine nous aurons de petits radis. Ah ! le père voudrait bien vous voir ; nous avons tous le temps long après vous, nous attendons tous les jours ; le père aurait bien des choses à vous dire. La Blanchette a fait veau la semaine dernière, et le petit vient bien ; c’est une génisse blanche.