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L’AMI FRITZ.

Il s’était approché de la vieille ferme, dont la façade était couverte d’un lattis, où grimpaient jusque sous le toit, six ou sept gros ceps de vigne noueux ; mais les bourgeons se montraient à peine.

À droite de la petite porte ronde se trouvait un banc de pierre. Plus loin, sous le toit du hangar, qui s’avançait en auvent jusqu’à douze pieds du sol, étaient entassés pêle-mêle les herses, les charrues, le hache-paille, les scies et les échelles. On y voyait aussi, contre la porte de la grange, une grande trouble à pêcher, et au-dessus, entre les poutres du hangar, pendaient des bottes de paille, où des nichées de pierrots avaient élu domicile. Le chien Mopsel, un petit chien de berger à poils gris de fer, grosse moustache et queue traînante, venait se frotter à la jambe de Fritz, qui lui passait la main sur la tête.

C’est ainsi qu’au milieu des éclats de rire et des joyeux propos qu’inspirait à tous l’arrivée de ce bon Kobus, ils entrèrent ensemble dans l’allée, puis dans la chambre commune de la ferme, une grande salle blanchie à la chaux, haute de huit à neuf pieds, et le plafond rayé de poutres brunes. Trois fenêtres, à vitres octogones, s’ouvraient sur la vallée ; une autre petite, derrière, prenait jour sur la côte ; le long des fenêtres s’étendait une