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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/95

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L’AMI FRITZ.

Et plus bas, voyant les ouvriers piocher, traîner la brouette, il se disait : « Ça va bien ! »

Il entendait aussi la petite Sûzel monter et descendre l’escalier en trottant comme une perdrix, déposer ses souliers cirés à la porte, et faire doucement, pour ne pas l’éveiller. Il souriait en lui-même, surtout quand le chien Mopsel se mettait à aboyer dans la cour, et qu’il entendait la petite lui crier d’une voix étouffée : « Chut ! chut ! Ah ! le gueux, il est capable d’éveiller M. Kobus ! »

« C’est étonnant, pensait-il, comme cette petite prend soin de moi ; elle devine tout ce qui peut me faire plaisir : à force de damfnoudels, j’en avais assez ; j’aurais voulu des œufs à la coque, elle m’en a fait sans que j’aie dit un mot ; ensuite j’avais assez d’œufs, elle m’a fait des côtelettes aux fines herbes… C’est une enfant pleine de bon sens ; cette petite Sûzel m’étonne ! »

Et, songeant à ces choses, il s’habillait et descendait ; les gens de la ferme avaient fini leur repas du matin ; ils attachaient la charrue, et se mettaient en route.

La petite nappe blanche était mise au bout de la table, le couvert, la chopine de vin et la grosse carafe d’eau fraîche dessus, toute scintillante de gouttelettes. Les fenêtres de la salle,