Il me regarda longtemps à travers la pluie. (Page 9.)
|
les cimes de la Suisse durant des heures
entières. On le rencontrait aussi parfois la nuit
qui se promenait dans les décombres, et quelquefois,
mais rarement, il descendait boire du
kirschenwasser, avec les mariniers et les flotteurs,
au bouchon du père Korb, sur la jetée en
face du pont. Alors il parlait des anciens temps
et racontait des chroniques à ces braves gens,
qui se disaient : « D’où diable le vieux Zulpick
sait-il ces choses, lui qui n’a fait que tresser
des cordes toute sa vie ? »
« Zulpick ne manquait jamais d’aller à la
grand’-messe les dimanches ; mais, par une
vanité singulière, il se tenait fièrement dans le
chœur, à la place des anciens ducs ; et, chose
étonnante, les habitants de Brisach trouvaient
cela naturel de la part du vieux cordier, tandis
qu’ils l’auraient blâmé dans tout autre.
« Tel était l’homme à la lanterne.
« Il me regarda longtemps à travers la pluie qui rayait l’air, et malgré l’impatience qui me gagnait.
« Enfin il me dit d’un ton sec :
« — Voici votre chemin. ». « Et les reins courbés, l’air rêveur, il poursuivit sa route vers le bouchon du père Korb, en murmurant des paroles confuses.
« Quant à moi, voulant profiter des derniers éclairs de la lanterne, je grimpai rapidement la terrasse, où m’apparut une lumière à ras de terre : c’était celle du Schlossgarten. Une servante veillait encore ; j’atteignis la porte de l’hôtel, je frappai, on m’ouvrit, et la voix de Katel s’écria :