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CONFIDENCES

Kuper, tu es un bon garçon. (Page 14.)

« Ah ! Margrédel, m’écriai-je, je crois bien

que eu m’aimes… mais si tu me le disais, vois-tu, je serais le plus heureux des garçons du village. »

Mais elle alors d’une voix douce répondit :

« Pourquoi donc, Kasper, ne t’aimerais-je pas ? N’es-tu pas le plus honnête homme, le plus…

— Non, non, ce n’est pas comme cela, Margrédel, qu’il faut me répondre. Dis seulement : « Kasper, c’est toi que j’aime ! »

— Hé ! fit-elle en ouvrant la porte de la cuisine, tu n’es jamais content. »

Comme l’oncle traversait alors l’allée, je n’eus pas le temps d’en dire davantage. Il entra d’un air grave, et, s’asseyant, il déploya sa serviette sur ses genoux, quoique Margrédel n’eût encore rien servi.

« C’est drôle, fit-il en regardant des femmes qui passaient sous nos fenêtres avec de grands paniers sur la tête, c’est drôle, quelle masse de gens reviennent de Kirschberg ! Depuis ce matin, on ne voit que des paniers de prunes et des tonnelets de kirsch-wasser. »

Margrédel entrait au même instant et déposait la soupière fumante sur la table. Je m’assis à côté d’elle, et l’oncle nous servit ; puis Orchel apporta le plat de choucroûte avec un morceau de petit salé. L’oncle Conrad servait et mangeait en silence ; personne ne songeait à rien, quand vers la fin du dîner, se redressant sur sa chaise, il s’écria :

« On ne parle plus que de ce canonnier ;