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LE TALION.

Il s’engagea dans l’étroite ruelle de Suma. (Page 71.)


vais pas vue, et Sidi Houmaïum était resté dans la ruelle

Après avoir attendu quelques minutes, je commençais à m’impatienter, quand une porte s’ouvrit sur la gauche, et la négresse qui m’avait introduit me fit signe d’entrer.

Je gravis quelques marches, et me trouvai dans une cour intérieure pavée de petits carreaux de faïence en mosaïque. Plusieurs portes s’ouvraient sur cette cour.

La négresse me conduisit dans une salle basse, les fenêtres ouvertes, garnies de rideaux de soie à dessins mauresques. Des coussins de perse violette régnaient tout autour ; une large natte en roseaux couleur d’ambre couvrait le plancher ; des arabesques interminables de fleurs et de fruits fantastiques se déroulaient au plafond ; mais ce qui d’abord attira mes regards, ce fut Fatima elle-même, accoudée sur le divan, les yeux voilés de longues paupières à cils noirs, la lèvre légèrement ombree, le nez droit et fin, les bras chargés de lourds bracelets. Elle avait de jolis pieds, et jouait nonchalamment avec ses petites babouches brodées d’or vert, quand je m’arrêtai sur le seuil.

Durant quelques secondes, la Mauresque m’observa du coin de l’œil, puis un fin sourire entrouvrit ses lèvres.

« Entrez, seigneur Taleb, fit-elle d’une voix nonchalante. Sidi Houmaïum m’a prévenue de votre visite ; je sais le motif qui vous amène. Vous êtes bien bon de vous intéresser à la pauvre Fatima, qui se fait vieille, car elle aura