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L’ESQUISSE MYSTERIEUSE



I

En face de la chapelle Saint-Sébalt, à Nuremberg, au coin de la rue des Trabans, s’élève une petite auberge, étroite et haute, le pignon dentelé, les vitres poudreuses, le toit surmonté d’une Vierge en plâtre. C’est là que j’ai passé les plus tristes jours de ma vie. J’étais allé à Nuremberg pour étudier les vieux maîtres allemands ; mais, faute d’espèces sonnantes, il me fallut faire des portraits… et quels portraits ! De grosses commères, leur chat sur les genoux, des échevins en perruque, des bourgmestres en tricorne, le tout enluminé d’ocre et de vermillon à plein godet.

Des portraits, je descendis aux croquis, et des croquis aux silhouettes.

Rien de pitoyable comme d’avoir constamment