Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/240

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aime tant la guerre, qu’on ne peut plus se confier en rien. « Tout ce qui me fait du plaisir, c’est de savoir que ta blessure n’est pas dangereuse et que tu m’aimes encore... Ah ! Joseph, moi je t’aimerai toujours, je ne peux pas dire autre chose; c’est tout ce que je peux te dire dans le fond de mon cœur, et je sais aussi que ma mère t’aime bien. « Maintenant, M. Goulden veut t’écrire quelques mots, et je t’embrasse mille et mille fois. — Il fait bien beau temps ici; nous aurons une bonne année. Le grand pommier du verger est tout blanc de fleurs; je vais en cueillir que je mettrai pour toi dans la lettre quand M. Goulden aura écrit. Peut-être, avec la grâce de Dieu, nous mordrons encore une fois ensemble dans une de ses grosses pommes. Embrasse-moi comme je t’embrasse, et adieu, adieu, Joseph ! » En lisant cela, je fondais en larmes, et, Zimmer étant arrivé, je lui dis : « Tiens, assieds-toi, je vais te lire ce que m’écrit mon amoureuse; tu verras après si c’est une Margrédel ! — Laisse-moi seulement allumer ma pipe », répondit-il. Il