Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/243

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Il faut vous adresser à M. Tardieu, le chirurgien en chef. » Il descendit en riant, et, comme c’était l’heure de la visite, nous montâmes, bras dessus, bras dessous, demander la permission au major, un vieux à tête grise qui venait d’entendre crier Vive l’Empereur ! et nous regardait d’un air grave. « Qu’est-ce que c’est ? » fit-il. Zimmer lui montra sa croix et dit : « Pardon, major, mais je me porte comme un charme. — Je vous crois, dit M. Tardieu; vous voulez une sortie ? — Si c’est un effet de votre bonté, pour moi et mon camarade Joseph Bertha. » Le chirurgien avait visité ma blessure la veille; il tira de sa poche un portefeuille et nous donna deux sorties. Nous redescendîmes, fiers comme des rois : Zimmer de sa croix d’honneur, et moi de ma lettre. En bas, dans le grand vestibule, le concierge nous cria : « Eh bien, eh bien, où allez-vous donc ? » Zimmer lui fit voir nos billets et nous sortîmes, heureux de respirer l’air du dehors. Une sentinelle nous montra le bureau de poste, où j’allai toucher mes cent francs. Alors,