Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

13, nous passions la Mulda, et nous voyions défiler sur le pont la vieille garde de La Tour-Maubourg. On annonçait le passage de l’Empereur, mais nous partîmes avec la division Dombrowski et le corps de Souham. Dans les moments où la pluie cessait de tomber, et quand un rayon de soleil d’automne brillait entre les nuages, on voyait toute l’armée en marche : la cavalerie et l’infanterie s’avançaient de partout sur Leipzig. De l’autre côté de la Mulda brillaient aussi les baïonnettes des Prussiens ; mais on ne découvrait pas encore les Autrichiens ni les Russes ; ils arrivaient sans doute d’ailleurs. Le 14, notre bataillon fut encore une fois détaché pour aller en reconnaissance dans la ville d’Aaken ; l’ennemi s’y trouvait ; il nous reçut à coups de canon, et nous restâmes toute la nuit dehors, sans pouvoir allumer un seul feu, à cause de la pluie. Le lendemain nous partimes de là, pour rejoindre la division à marches forcées. Je ne sais pas pourquoi chacun disait : « La bataille approche !… la bataille approche !… » Le sergent Pinto prétendait que l’Empereur était dans l’air. — Moi, je ne sentais rien, mais je voyais que nous marchions sur Leipzig, et je