Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

éclataient dans les maisons et dans les rues du faubourg. Â neuf heures, les Autrichiens se formèrent en colonnes d’attaque sur la route de Caunewitz. De tous les côtés ils nous débordaient ; malgré cela, le bataillon tint jusque vers dix heures. Alors il fallut nous replier derrière les vieux remparts, où les Kaiserlicks nous poursuivirent par les brèches, sous le feu croisé du 29ème et du 14ème de ligne. Ces pauvres diables n’avaient pas la fureur des Prussiens ; ils montrèrent pourtant un vrai courage, car à dix heures et demie ils couronnaient les remparts, et nous, de toutes les fenêtres environnantes, nous les fusillions sans pouvoir les forcer à redescendre. Six mois avant, ces choses m’auraient fait horreur, mais j’en avais vu tant d’autres ! J’étais alors insensible comme un vieux soldat, et la mort d’un homme ou de cent ne me paraissait plus rien. Jusqu’à ce moment tout avait bien marché ; mais comment sortir des maisons ? L’ennemi couvrait toutes les avenues, et à moins de grimper sur les toits, il n’y avait plus de retraite possible. C’est encore un des mauvais moments dont j’ai gardé le souvenir. Tout à coup l’idée me vint que nous serions pris là comme des renards qu’on enfume dans leur trou ;