Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/347

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criant aux hommes qui menaient le dernier fourgon : « Halte !… arrêtez ! » Et, m’embrassant, il me plaça dans ce fourgon, la tête sur un sac. Je vis aussi qu’il étendait un gros manteau de cavalerie sur mes jambes et sur mes pieds, en disant : « Allons… en route… Ça chauffe là-bas ! » C’est tout ce que je me rappelle, car, aussitôt après, je perdis tout sentiment. Il me semble bien avoir entendu depuis comme un roulement d’orage, de cris, des commandements, et même avoir vu défiler dans le ciel la cime de grands sapins au milieu de la nuit ; mais tout cela pour moi n’est qu’un rêve. Ce qu’il y a de sûr, c’est que derrière Salmunster, dans les bois de Hanau, fut livrée ce jour-là une grande bataille contre les Bavarois, et qu’on leur passa sur le ventre.