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L’AMI FRITZ.

demain de ce jour, vers cinq heures. Il avait trente mètres de long sur vingt de large, un mur solide l’entourait ; mais avant de poser les grilles commandées au Klingenthal, il fallait attendre que la maçonnerie fût bien sèche.

Les ouvriers partirent donc la pioche et la pelle sur l’épaule ; et Fritz, le même soir, pendant le souper, déclara qu’il retournerait le lendemain à Hunebourg. Cette décision attrista tout le monde.

« Vous allez partir au plus beau moment de l’année, dit l’anabaptiste. Encore deux ou trois jours et les noisettes auront leurs pompons, les sureaux et les lilas auront leurs grappes, tous les genêts de la côte seront fleuris, on ne trouvera que des violettes à l’ombre des haies.

— Et, dit la mère Orchel, Sûzel qui pensait vous servir de petits radis un de ces jours.

— Que voulez-vous, répondit Fritz, je ne demanderais pas mieux que de rester ; mais j’ai de l’argent à recevoir, des quittances à donner ; j’ai peut-être des lettres qui m’attendent. Et puis, dans une quinzaine, je reviendrai poser les grilles, alors je verrai tout ce que vous me dites.

— Enfin, puisqu’il le faut, dit le fermier, n’en parlons plus ; mais c’est fâcheux tout de même.

— Sans doute, Christel, je le regrette aussi. »