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L’AMI FRITZ.

Il disait cela tout ému de ses souvenirs, et Fritz avait peine à ne pas éclater de rire.

Il racontait encore beaucoup d’autres choses curieuses, et célébrait la cave du grand-duc de Nassau, « laquelle, disait-il, renferme des vins précieux, dont la date se perd dans la nuit des temps. »

C’est ainsi que le vieux Schweyer égayait le travail. Ces propos joyeux n’empêchaient pas les bouteilles de se remplir, de se cacheter et de se mettre en place ; au contraire, cela se faisait avec plus de mesure et d’entrain.

Kobus avait l’habitude d’encourager Schweyer, lorsque sa gaieté venait à se ralentir, soit en lui lançant quelque bon mot, ou bien en le remettant sur la piste de ses histoires. Mais, en ce jour, le vieux tonnelier crut remarquer qu’il était préoccupé de pensées étrangères.

Deux ou trois fois il essaya de chanter ; mais, après quelques ronflements, il se taisait, regardant un chat s’enfuir par la lucarne, un enfant se pencher curieusement, pour voir ce qui se passait dans la cave ; ou bien écoutant les sifflements de la pierre du rémouleur, les aboiements de son caniche, ou telle autre chose semblable.

Son esprit n’était pas dans la cave, et Schweyer,