Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian - L’Ami Fritz.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
L’AMI FRITZ.

tion naturelle, avait résolu de lui faire vérifier la sagesse de ce proverbe : « Cache-toi, fuis, dérobe-toi sur les monts et dans la plaine, au fond des bois ou dans un puits, je te découvre et ma main est sur toi ! »

À la Steinbach, près du grand moulin, ils rencontrèrent un baptême qui se rendaient à l’église Saint-Blaise : le petit poupon rose sur l’oreiller blanc, la sage-femme, fière avec son grand bonnet de dentelle, et les autres gais comme des pinsons ; — à Hôheim, une paire de vieux qui célébraient la cinquantaine dans un pré ; ils dansaient au milieu de tout le village ; le ménétrier, debout sur une tonne soufflait dans sa clarinette, ses grosses joues rouges gonflées jusqu’aux oreilles, le nez pourpre et les yeux à fleur de tête ; on riait, on trinquait ; le vin, la bière, le kirschenwasser coulaient sur les tables ; chacun battait la mesure ; les deux vieux les bras en l’air, valsaient la face riante ; et les bambins, réunis autour d’eux, poussaient des cris de joie qui montaient jusqu’au ciel. À Frankenthâl, une noce montait les marches de l’église, le garçon d’honneur en tête, la poitrine couverte d’un bouquet en pyramide, le chapeau garni de rubans de mille couleurs ; puis les jeunes mariés tout attendris,