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L’AMI FRITZ.

choses, et Hâan, qui dormait aux trois quarts, bâillait de temps en temps dans sa main, en disant d’une voix nasillarde : « Est-ce possible ? est-ce possible ? » Ou bien il l’interrompait par un gros éclat de rire, sans savoir pourquoi, en bégayant :

« Hé ! hé ! hé ! il se passe des choses drôles dans ce monde ! Va, Kobus, va toujours, je t’écoute. Mais je pensais tout à l’heure à cet animal de Schoultz, qui s’est laissé tirer les bottes par des paysans dans une mare. »

Fritz reprenait son histoire sentimentale, et c’est ainsi que venait l’heure de dormir.

Une fois dans leur chambre à deux lits, la caisse entre eux, et le verrou tiré, Kobus se rappelait encore de nouveaux détails sur la passion malheureuse du grand-oncle Séraphion, et le mauvais caractère de Mlle Rosa Fon Pompon ; il se mettait à les raconter, jusqu’à ce qu’il entendît le gros Hâan ronfler comme une trompette, ce qui le forçait de se finir l’histoire à lui-même, — et c’était toujours par un mariage.