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L’AMI FRITZ.

César, et à Dieu ce qui revient à Dieu, selon les divines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ. Regardez-les, ce sont de bons chrétiens ; ils travaillent, et n’inventent pas tous les jours de nouvelles fêtes, pour avoir un prétexte de croupir dans la paresse, et de dépenser leur argent au cabaret. Ils n’achètent pas de manteaux brodés d’or ; ils aiment mieux acheter des souliers à leurs enfants, tandis que vous autres, vous allez nu-pieds comme de vrais sauvages.

« Cinquante fêtes par an, pour mille personnes, font cinquante mille journées de travail perdues ! Si vous êtes pauvres, misérables, si vous ne pouvez pas payer le roi, c’est aux saints du calendrier que la gloire en revient.

« Je vous dis ces choses, parce qu’il n’y a rien dans le monde de plus ennuyeux que de venir ici tous les trois mois, pour remplir son devoir, et de trouver des gueux, — misérables et nus par leur propre faute, — qui ont encore l’air de vous regarder comme un Antechrist, lorsqu’on leur demande ce qui est dû au souverain dans tous les pays chrétiens, et même chez des sauvages comme les Turcs et les Chinois. Tout l’univers paye des contributions, pour avoir de l’ordre, et de la liberté dans le travail ; vous seuls vous don-