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L’AMI FRITZ.

Tout se passa comme il avait été convenu : Christel et Kobus dînèrent ensemble, David vint au dessert prendre le café, puis ils se rendirent à la brasserie du Grand-Cerf.

Fritz était dans un état de jubilation extraordinaire, non-seulement parce qu’il marchait entre son vieil ami David et le père de Sûzel, mais encore parce qu’il avait une bouteille de steinberg dans la tête, sans parler du bordeaux et du kirschenwasser. Il voyait les choses de ce bas monde comme à travers un rayon de soleil : sa face charnue était pourpre et ses grosses lèvres se retroussaient par un joyeux sourire. Aussi quel enthousiasme éclata, lorsqu’il parut ainsi sous la toile grise en auvent, à la porte du Grand-Cerf.

« Le voilà ! le voilà ! criait-on de tous les côtés, la chope haute, voici Kobus ! »

Et lui, riant, répétait :

« Oui, le voilà ! ha ! ha ! ha ! »

Il entrait dans les bancs et donnait des poignées de main à tous ses vieux camarades.

Durant les huit jours qui venaient de se passer, on se demandait partout :

« Qu’est-il devenu ? quand le reverrons-nous ? »

Et le vieux Krautheimer se désolait, car toutes ses pratiques trouvaient la bière mauvaise.