Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian - L’Ami Fritz.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
238
L’AMI FRITZ.

bras et lui parlait, levant le doigt d’un geste rapide, sans doute pour lui démontrer une faute qu’il avait commise. Mais Hâan ne l’écoutait pas et regardait vers les quilles ; puis il alla se rasseoir au bout du banc, sous la charmille transparente, et remplit son verre gravement.

Cette petite scène champêtre réjouit Fritz.

« Les voilà dans la joie, pensa-t-il ; c’est bon, je vais leur poser la chose avec finesse, cela marchera tout seul. »

Il s’avança donc.

Le grand Frédéric Schoultz, maigre, décharné, après avoir bien balancé sa boule, venait de la lancer ; elle roulait comme un lièvre qui déboule dans les broussailles, et Schoultz, les bras en l’air, s’écriait : « Der Kœnig ! der Koœnig[1] ! » lorsque Fritz, arrêté derrière lui, partit d’un éclat de rire, en disant :

« Ah ! le beau coup ! approche que je te mette une couronne sur la tête. »

Tous les autres se retournant alors, s’écrièrent :

« Kobus ! à la bonne heure… à la bonne heure… on le voit donc une fois par ici !

— Kobus, dit Hâan, tu vas entrer dans la par-

  1. La maîtresse quille.