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Page:Erckmann-Chatrian - L’Ami Fritz.djvu/30

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L’AMI FRITZ.

« Ne crains rien, il n’osera pas te prendre. »

Il le conduisit dans sa propre maison, où la table était dressée pour la fête du Christ-Kind : l’arbre de Noël au milieu, sur la nappe blanche ; et, tout autour, le pâté, les küchlen saupoudrés de sucre blanc, le kougelhof aux raisins de caisse, rangés dans un ordre convenable. Trois bouteilles de vieux bordeaux chauffaient dans des serviettes, sur le fourneau de porcelaine à plaque de marbre.

« Katel, va chercher un autre couvert, dit Kobus, en secouant la neige de ses pieds ; je célèbre ce soir la naissance du Sauveur avec ce brave garçon, et si quelqu’un vient le réclamer… gare ! »

La servante ayant obéi, le pauvre bohémien prit place, tout émerveillé de ces choses. Les verres furent remplis jusqu’au bord, et Fritz s’écria :

« À la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le véritable Dieu des bons cœurs ! »

Dans le même instant Foux entrait. Sa surprise fut grande de voir le zigeiner assis à table avec le maître de la maison. Au lieu de parler haut, il dit seulement :

« Je vous souhaite une bonne nuit de Noël, monsieur Kobus.