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Page:Erckmann-Chatrian - L’Ami Fritz.djvu/302

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L’AMI FRITZ.

« Qui diable cela peut-il être ? disait-on. Un homme si magnifique qui se laisse embrasser par le bohémien !… »

Et Bockel, Andrès, tout l’orchestre penché sur la rampe, applaudissait à ce spectacle.

Enfin Iôsef, se redressant, leva son archet et dit :

« Écoutez ! voici M. Kobus, de Hunebourg, mon ami, qui va danser un treieleins avec ses deux camarades. Quelqu’un s’oppose-t-il à cela ?

— Non, non, qu’il danse ! cria-t-on de tous les coins.

— Alors, dit Iôsef, je vais donc jouer une valse, la valse de Iôsef Almâni, composée en rêvant à celui qui l’a secouru un jour de grande détresse. Cette valse, Kobus, personne ne l’a jamais entendue jusqu’à ce moment, excepté Bockel, Andrès et les arbres du Tannewald ; choisis-toi donc une belle danseuse selon ton cœur ; et vous, Hâan et Schoultz, choisissez également les vôtres : personne que vous ne dansera la valse d’Almâni. »

Fritz s’étant retourné sur les marches de l’estrade, promena ses regards autour de la salle, et il eut peur un instant de ne pas trouver Sûzel. Les belles filles ne manquaient pas : des noires et