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L’AMI FRITZ.

en donner ! Vous resterez avec nous, père Christel ; Hâan et Schoultz sont aussi là-bas, nous allons danser jusqu’au soir, et nous souperons ensemble au Mouton-d’Or.

— Ça, dit Christel, sauf votre respect, monsieur Kobus, et malgré tout le plaisir que j’aurais à rester, je ne puis le prendre sur moi ; il faut que je parte… et je venais justement chercher Sûzel.

— Chercher Sûzel ?

— Oui, monsieur Kobus.

— Et pourquoi ?

— Parce que l’ouvrage presse à la maison ; nous sommes au temps des récoltes… le vent peut tourner du jour au lendemain. C’est déjà beaucoup d’avoir perdu deux jours dans cette saison ; mais je ne m’en fais pas de reproche, car il est dit : « Honore ton père et ta mère ! » Et de venir voir sa mère deux ou trois fois l’an, ce n’est pas trop. Maintenant, il faut partir. Et puis, la semaine dernière, à Hunebourg, vous m’avez tellement réjoui, que je ne suis rentré que vers dix heures. Si je restais, ma femme croirait que je prends de mauvaises habitudes ; elle serait inquiète. »

Fritz était tout déconcerté. Ne sachant que répondre, il prit Christel par le bras, et le con-