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L’AMI FRITZ.

Ils se tenaient les mains et se regardaient, les yeux pleins de larmes.

Et comme les deux autres attendaient gravement, Fritz partit d’un éclat de rire et dit :

« Iôsef, passe-moi mon pantalon. »

Le bohémien ayant obéi, il tira de sa poche deux thalers.

« Voici pour vous autres, dit-il à Kopel et à Andrès ; vous pouvez aller dîner aux Trois-Pigeons. Iôsef dîne avec moi. »

Puis, sautant de son lit, tout en s’habillant il ajouta :

« Est-ce que tu as déjà fait ton tour dans les brasseries, Iôsef ?

— Non, Kobus.

— Eh bien ! dépêche-toi d’y aller ; car, à midi juste la table sera mise. Nous allons encore une fois nous faire du bon sang. Ha ! ha ! ha ! le printemps est revenu ; maintenant, il s’agit de bien le commencer. Katel ! Katel !

— Alors je m’en vais tout de suite, dit Iôsef.

— Oui, mon vieux ; mais n’oublie pas midi. »

Le bohémien et ses deux camarades descendirent l’escalier, et Fritz, regardant sa vieille servante, lui dit avec un sourire de satisfaction :