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L’AMI FRITZ.

part, j’aimerais mieux me fourrer la tête dans un fagot d’épines, que de me mettre cette corde au cou. Malgré cela, puisque notre ami Kobus s’est converti, chacun doit avouer que sa petite Sûzel était bien digne d’accomplir un tel miracle ; pour la gentillesse, l’esprit, le bon sens, je ne connais qu’une seule personne qui lui soit comparable, et même supérieure, car elle a plus de dignité dans le port : c’est la fille du bourgmestre de Bischem, une femme superbe, avec laquelle j’ai dansé le treieleins. »

Alors Schoultz s’écria « que ni Sûzel, ni la fille du bourgmestre, n’étaient dignes de dénouer les cordons des souliers de la petite femme rousse qu’il avait choisie ! » Et la discussion, s’animant de plus en plus, continua de la sorte jusqu’à minuit, moment où le wachtmann vint prévenir ces messieurs, que la conférence était close provisoirement.

Le même jour, on dressait le contrat de mariage chez Fritz. Comme le tabellion Müntz venait d’inscrire les biens de Kobus, et que Sûzel, elle, n’avait rien à mettre en ménage que les charmes de la jeunesse et de l’amour, le vieux David, se penchant derrière le notaire, lui dit :

« Mettez que le rebbe David Sichel donne à