Fritz ouvrit d’abord les fenêtres et poussa les persiennes pour donner de l’air.
Cette salle, boisée de vieux chêne, avait quelque chose de solennel et de digne ; on comprenait, au premier coup d’œil, qu’on devait bien manger là dedans de père en fils.
Fritz retira les voiles des portraits : c’étaient les portraits de Nicolas Kobus, conseiller à la cour de l’électeur Frédéric-Wilhelm, en l’an de grâce 1715. M. le conseiller portait l’immense perruque Louis XIV, l’habit marron à larges manches relevées jusqu’aux coudes, et le jabot de fines dentelles ; sa figure était large, carrée et digne. Un autre portrait représentait Frantz-Sépel Kobus, enseigne dans le régiment de dragons de Leiningen, avec l’uniforme bleu de ciel à brandebourg d’argent, l’écharpe blanche au bras gauche, les cheveux poudrés et le tricorne penché sur l’oreille ; il avait alors vingt ans au plus, et paraissait frais comme un bouton d’églantine. Un troisième portrait représentait Zacharias Kobus, le juge de paix, en habit noir carré ; il tenait à la main sa tabatière et portait la perruque à queue de rat.
Ces trois portraits, de même grandeur, étaient de larges et solides peintures : on voyait que les