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L’AMI FRITZ.

trouvaient la distillerie, la buanderie, le pressoir, le poulailler et les réduits à porcs : tout cela, vieux de cent cinquante ans, car c’était le grand-père Nicolas Kobus qui l’avait bâti. Mais vingt arpents de prairies naturelles, quarante-cinq de terres labourables, tout le tour de la côte couvert d’arbres fruitiers, et, dans un coin au soleil, un hectare de vignes en plein rapport, donnaient à cette ferme une grande valeur et de beaux revenus.

Tout en descendant le sentier en zigzag, Fritz regardait la petite Sûzel faire la lessive à la fontaine, les pigeons tourbillonner par volées de dix à douze autour du pigeonnier ; et le père Christel, sa grande cougie[1] au poing, ramenant les bœufs de l’abreuvoir. Cet ensemble champêtre le réjouissait ; il écoutait avec une véritable satisfaction, la voix du chien Mopsel résonner avec les coups de battoir dans la vallée silencieuse, et les mugissements des bœufs se prolonger jusque dans la forêt de hêtres en face, où restaient encore quelques plaques de neige jaunâtre au pied des arbres.

Mais ce qui lui faisait le plus de plaisir, c’était la petite Sûzel, courbée sur sa planchette, savonnant le linge, le battant et le tordant à tour de

  1. Fouet.