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Le brigadier Frédéric.

Je dois reconnaître, Georges, que nos frères de Paris nous ont bien reçus ; ils nous ont secourus, ils nous ont aidés de mille manières ; ils ont fait pour nous tout ce qu’ils ont pu. Mais dans un si grand désastre, eux-mêmes ayant été si fortement éprouvés, la misère fut encore grande ; longtemps dans les greniers de la Villette, de la Chapelle et des autres faubourgs on souffrit du froid et de la faim.

Aujourd’hui, le plus grand flot de l’émigration est écoulé, presque tous les ouvriers ont du travail, les femmes et les vieillards un asile, et les enfants reçoivent de l’instruction dans les écoles.

Il en vient toujours d’autres, l’émigration durera aussi longtemps que l’annexion, car des Français ne peuvent courber la tête comme des Allemands, sous le despotisme prussien ; et l’annexion sera longue, si nous continuons à nous disputer sur des intérêts de partis, au lieu de nous réunir dans l’amour de la patrie.

Mais ne parlons pas de ce qui nous divise, c’est trop triste !

La seule chose que je veuille encore te dire, pour finir cette lamentable histoire, c’est qu’au