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Le brigadier Frédéric.

bleau d’avancement, et qu’il me remplacerait sans aucun doute à ma retraite ; cela ne peut plus tarder longtemps, alors nous célébrerons le mariage. »

Ces bonnes nouvelles augmentaient encore leur satisfaction.

La nuit étant venue, Jean Merlin, pour ne pas inquiéter sa mère, se leva, embrassant de nouveau sa fiancée. Nous le reconduisîmes jusque dehors, sous le grand poirier. Le temps était magnifique, le ciel tout blanc d’étoiles ; pas un oiseau, pas une feuille ne remuait au loin, tout dormait dans la vallée. Et comme Merlin me serrait la main, je lui dis encore :

« Vous préviendrez Margrédel, votre mère, de venir sans faute demain, avant midi ; Marie-Rose nous fera un bon dîner, nous célébrerons les fiançailles ensemble. C’est la plus grande fête de la vie ; si l’oncle Daniel peut aussi venir, nous en serons bien contents.

— C’est bon, père Frédéric », dit-il.

Puis il partit d’un bon pas.

Nous rentrâmes les larmes aux yeux. Et songeant à ma pauvre Catherine, je me dis :

« Il y a pourtant de beaux jours dans la vie ;