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Le brigadier Frédéric.

ges, je pensai que le capitaine n’avait pas le sens commun.

Voilà ce qui me revient comme si cela s’était passé hier ; et deux ou trois jours après, ayant appris que le capitaine avait fait arrêter les bûcherons en masse à la gare de Lutzelbourg, et que leurs livrets étant en règle, ils avaient obtenu l’autorisation de poursuivre leur route en Lorraine, malgré toutes les réclamations et les observations de M. Rondeau, je crus que le pauvre homme avait décidément la tête fêlée.

Chaque fois que Baure venait à la maison forestière, il retombait sur le chapitre des espions allemands et me faisait du bon sang. Mais aujourd’hui nous avons fini de rire, et je suis sûr que les malins de Phalsbourg ne se frottent plus les mains, quand le feldwèbel fait siffler sa baguette, en criant aux conscrits sur la place d’armes : « Gewehr auf ! — Gewehr ab ! » Je suis sûr que cette vue leur a rappelé plus d’une fois les avertissements du capitaine.