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Le brigadier Frédéric.

voyais pas pourquoi nous serions revenus sur des affaires décidées.

Enfin les jeunes gens étaient pressés ; l’ennui de la saison et l’impatience de la jeunesse en étaient cause.

Depuis deux mois, Baure, Vignerel, Dürr et les autres ne venaient plus ; les arbres ployaient sous le givre, personne ne passait plus que de loin en loin dans la vallée. L’histoire des espions du capitaine, qui m’avait fait tant rire, m’était sortie de l’esprit, lorsqu’une chose extraordinaire me prouva clairement que ce vieux soldat n’avait pas eu tort de se méfier des Prussiens, et que d’autres gens encore songeaient à faire de mauvais coups, des gens élevés en grade, en qui reposait toute notre confiance.

Cette année-là plusieurs troupes de sangliers ravageaient le pays ; ces animaux fourrageaient dans les nouveaux semis ; ils labouraient les bois pour trouver des racines, et descendaient toutes les nuits retourner les champs autour des fermes et des hameaux.

Les paysans ne finissaient pas de crier et de se plaindre, quand enfin on apprit que M. le baron Pichard était arrivé pour organiser une