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Le brigadier Frédéric.

Phalsbourg, dont le bombardement commençait le surlendemain.

Ils passaient aussi en Lorraine par le grand tunnel de Hômartin, pendant que notre armée se retirait à marches forcées sur Nancy et puis sur Châlons.

Ainsi les deux grandes armées allemandes de Wœrth et de Forbach se trouvaient réunies, et nous autres nous étions comme engloutis, éloignés de tout secours et même de toute espérance.

Tu peux facilement te représenter cette immense armée du prince Frédéric : Bavarois, Wurtembergcois, Badois, cavalerie, artillerie, infanterie, qui défile par escadrons et par régiments dans notre vallée solitaire ; ce torrent d’êtres humains qui va, va toujours devant lui, sans interruption durant toute une semaine ; et le canon qui tonne autour de la place, les vieilles roches du Graufthâl qui retentissent d’échos en échos ; puis la fumée de l’incendie qui monte au ciel, en formant une voûte sombre au-dessus de nos vallons !