race, dit Fritz ; jusqu’à présent je te croyais un homme modeste en ses pensées, mais je vois maintenant que tu respires l’orgueil dans le fond de ton âme.
— Et pourquoi serais-je modeste ? s’écria David en nasillant. Si l’Éternel nous a choisis, n’est-ce point parce que nous valons mieux que vous ?
— Tiens, tais-toi, fit Kobus en riant, cette vanité m’effraye ; je serais capable de me fâcher.
— Fâche-toi donc à ton aise, dit le vieux rebbe, il ne faut pas te gêner.
— Non, j’aime mieux t’inviter à prendre le café chez moi, vers une heure ; nous causerons, nous rirons, et ensuite nous irons goûter la bière de mars ; cela te convient-il ?
— Soit, fit David, j’y consens, le chardon gagne toujours à fréquenter la rose. »
Kobus allait s’écrier : « Ah ! décidément, c’est trop fort ! » mais il s’arrêta et dit avec finesse : « C’est moi qui suis la rose ! »
Alors tous trois ne purent s’empêcher de rire.
Christel et Fritz sortirent bras dessus bras dessous, se disant entre eux :
« Est-il fin, ce rebbe David ! Il a toujours quelque vieux proverbe qui vient à propos pour vous réjouir : c’est un brave homme. »