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L’AMI FRITZ.

Christel m’a seulement dit qu’il avait une affaire de famille, qui le forçait de retourner au Meisenthâl, et, naturellement, je ne lui en ai pas demandé davantage.

— Voilà pourquoi je viens, monsieur Kobus ?

— Eh bien ! entrez, asseyez-vous, mère Orchel, dit-il en rouvrant la porte, vous déjeunerez ensuite.

— Oh ! je vous remercie, monsieur Kobus, j’ai déjeuné avant de partir. »

Orchel entra donc dans la chambre et s’assit au coin de la table, en mettant son gros bonnet rond qui pendait à son coude ; elle fourra ses cheveux dessous avec soin, puis arrangea son casaquin sur ses genoux. Fritz la regardait tout intrigué ; il finit par s’asseoir en face d’elle, en disant :

« Christel et Sûzel sont bien arrivés hier soir ?

— Très-bien, monsieur Kobus, très-bien ; à huit heures, ils étaient à la maison. »

Enfin, voyant tout arrangé, elle commença, les mains jointes et la tête penchée, comme une commère qui raconte quelque chose à sa voisine :

« Vous saurez d’abord, Monsieur Kobus, que nous avons un cousin à Bischem, un anabaptiste comme nous, et qui s’appelle Hans-Christian