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VIII
PETITE GRAMMAIRE BRETONNE

populations romanisées qui se trouvaient en contact avec eux. Le breton de France contient donc une certaine proportion, variable suivant les époques et les régions, de termes et de formes qui proviennent du latin et du français.

Les Celtes anciens et modernes ont, de même, fait passer quelques mots de leurs langues dans celles des peuples avec qui ils ont été en relation.


IX. C’est aux Irlandais que reviendrait d’abord la place d’honneur, dans une histoire générale des littératures celtiques. Plus tard les Bretons ont aussi fait preuve d’une certaine activité littéraire, mais non pas tant ceux de l’Armorique que leurs frères restés dans le pays de Galles. C’est, de nos jours, le gallois qui est l’idiome celtique le plus cultivé, et, par là même, le plus capable et le plus digne de vivre.

Mais le parti que les Bretons demeurés dans l’île ont su tirer de leur idiome, en le rendant propre à tous les usages pratiques, littéraires et scientifiques, prouve que le langage des Bretons de France, qui est le même au fond, serait susceptible, lui aussi, de devenir définitivement l’expression parlée et écrite du génie de la noble race qui en garde encore le dépôt. Pour cela, il faut et il suffit que les personnes intelligentes et instruites appartenant à cette race, ou s’intéressant à son avenir, qui importe beaucoup à l’avenir de notre grande patrie française, ne craignent pas de consacrer à la langue bretonne une étude attentive, que d’ailleurs elle mérite à tous égards. Car pour qui la connaît bien et l’embrasse dans son ensemble, sa richesse n’est pas moins remarquable en ressources d’expression qu’en témoignages précieux sur l’histoire des autres langues dont elle est parente à des degrés divers.