Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/170

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XVI.   L’empire actuel est un empire in extremis. Au 2 Décembre 1851, le diable eût demandé la France en mariage, que la France bourgeoise se serait donnée au diable. Comme Helvétius rirait s’il était encore de ce monde !

On a fait paraître, sur la scène gouvernementale, je ne sais quelle défroque de vieux théâtre, quel fonds de taverne de grand genre, quelle société de sergents et de bohémiens en goguette. Et cela sert d’empire aux Français de la Décadence !

Cela mange bien, boit mieux, se marie, remplit son ventre et ses poches. Et cela trinque à la santé des contribuables de France !

Cela n’a ni traces dans le passé, ni considération dans le présent, ni chances d’avenir. Cela fait hausser les épaules à Léopold de Belgique et à Florestan de Monaco ! Soulouque n’y prend point garde !

Le Sennachérib au nez long qui veille sur la France s’entoure d’une cohue d’aristocrates de rencontre, de prétoriens couverts de sang, de sénateurs humides de honte, de fonctionnaires à jeun et de prêtres obèses, comme faisaient les Augustules !

Cela ne s’est révélé que par de ténébreux coups de main, par un despotisme policier, par des exploits de bourreau. Celma a été humilié, méprisé, avant comme après son avènement au pouvoir !

Cela n’est ni de droit divin ni de droit populaire. Cela est toujours contestable, contesté, menacé, provisoire, plaqué, déprécié, insulté. Cela est imposé par la force et tombera le jour où la force lui fera défaut !

Cela ne déclare la guerre que contraint et fouetté jusqu’aux os. Cela succombe misérablement sous le poids d’un nom trop lourd ! !