pend pas de ces conventions que le plus puissant impose à une époque, avec la même facilité que les brisera, dans un autre temps, un plus puissant encore. Quand une société en est venue à cet état de gêne et d’inégalité qui est le nôtre, il faut qu’elle subisse une révolution totale.
Non, il n’est pas possible que des contrées entières, Italie, Savoie, Pologne, Alsace, Hongrie, Irlande, Algérie, Colonies, restent, comme des lambeaux déchirés, compris dans des empires qui ne leur sont unis que pour dévorer leur substance, comme l’autour est uni au verdier des prairies ! Il n’est pas possible que les travailleurs qui produisent soient exploités plus longtemps par les oisifs qui consomment sans se fatiguer un doigt.
Tandis que, d’une part, les révolutions qui nous agitent depuis soixante ans ne parviennent pas dissoudre la ligue des intérêts civilisés, d’autre part l’état de misère générale rend urgente l’application des principes émis par les révolutions. Les insurrections nationales dont l’Europe a été le théâtre en 1848-49 ont été rapidement épuisées par leur fièvre même, par la débilité des nations au milieu desquelles elles étaient nées ; elles n’ont pu ni déblayer le terrain, ni rien établir de durable. La récente révolution d’Espagne n’a pas même eu la force de renverser les bâtards de la maison de Bourbon. La dernière échauffourée de Milan donne la mesure de ce que réaliseront à l’avenir les meutes de faubourg : toutes sont condamnées à échouer contre le despotisme comme échouent les hommes nerveux contre les athlètes qu’ils ont d’abord surpris par l’impétuosité de leurs attaques. — L’épreuve est suffisante !
La Révolution sociale ne peut plus se faire par une initiative partielle, par la voie simple, par le Bien. Il faut que l’Humanité se sauve par un soulèvement général, par contre-coup, par le Mal. Il faut que nous subissions une conquête et une oppression universelles, avant que se lève