la nécessité de subir cette loi générale ? Les plus grands des mondes n’y sont-ils pas soumis comme le grain de sable du désert et la libellule des ruisseaux ? La Révolution dispose absolument de tout : du ciel et de la terre, de la cime des monts et de l’abîme des eaux.
Notre univers échappera-t-il plus à la loi fatale que le dernier des atomes ? Non. Il rentrera dans le système solaire dont il dépend, et puis en ressortira sous une forme nouvelle, de même que l’homme rentre dans la terre, sa mère bien-aimée, consolatrice, et puis s’en relève sous mille aspects divers.
Et quand je dis cela de notre univers, c’est-à-dire de la plus grande notion que je puisse acquérir au moyen de mes connaissances finies, l’analogie me contraint à le dire aussi de tous les univers dont je ne sais même pas le nombre.
L’homme redoute-t-il cette transformation parce qu’il se croit indispensable à l’ordre général ? Cependant la suppression d’un homme dans une famille ne condamne pas cette famille à mourir. La disparition d’une ville, d’une nation, d’un continent, d’une planète, d’un système solaire n’entraîne pas la ruine des milieux qui les contenaient. La partie ne détruit pas le tout. L’arbre, privé de quelques-uns de ses rameaux, les remplace et ne cesse pas de vivre.
L’homme se plaint-il de ce que le moment de cette transformation qui lui déchire le cœur arrive plus vite pour lui que pour beaucoup d’autres êtres ? Mais qu’il regarde autour de lui, et tout d abord il verra que des milliers de créatures sont moins durables que lui-même. Et que peuvent-elles faire, les pauvres, contre cette inéluctable et juste loi de la Fatalité ?
Notre milieu dure plus que nous, c’est vrai. Mais si ce milieu est fécond en transformations, il s’épuise ; s’il use