Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/253

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races vieillies ? — Ou bien, la putréfaction occidentale entraînera-t-elle tout à la Mort ?

Et dans ce dernier cas encore, le problème écrit en noir se dresserait toujours devant nous dans sa terreur sauvage. Une société n’est qu’un mode temporaire d’union entre les hommes, elle n’est pas l’humanité ; le citoyen peut périr, mais l’homme reste. À moins que l’Europe ne disparût dans un déluge, il faudrait toujours qu’elle fût repeuplée et que des migrations d’hommes vinssent à elle de l’autre côté des mers lointaines. Or, tout ce qui pourrait nous revenir des autres continents leur a été envoyé par nous, hommes et idées ; l’Amérique et l’Océanie ne nous paraissent si jeunes que parce que leur territoire est immense et vierge. Les mondes prétendus nouveaux sont beaucoup plus vieux que notre monde. Non, l’Europe n’a pas besoin des autres continents pour renaître ; elle regorge d’hommes et de ressources ; elle porte en elle-même des forces assez grandes pour suffire à sa régénération, si ces forces étaient bien employées. Les autres continents ont bien assez de travail sur place pour ne pas déborder au loin : ils ont à développer chez eux les principes de notre civilisation.


XI.   La Mort n’est pas une puissance inutile ; elle renouvelle au contraire tout ce qui est devenu trop vieux. La Vie naît de la Mort. Pour qu’une chose paraisse sur la terre, il faut qu’une autre ait disparu. Car le nombre des êtres est limité et rien ne se tire du néant. Car toute consommation amène une dépense proportionnelle. Car toute dépense est mère de travail.

La terre doit supporter le labour, la gelée, les pluies et les chaleurs avant de se couvrir de moissons. Pour germer, la graine se vide. Un grand nombre d’insectes périssent en procréant. L’homme lui-même s’affaiblit peu à peu