Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/259

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rues, si les contagions et les virus les plus terribles n’avaient pas pénétré jusqu’à la plus fine moelle de nos os, les maladies ne seraient guère pour nous que des phases critiques et salutaires ; il n’y aurait pas même de maladies, à proprement parler.


XVII.   Ô vous, médecins, chroniqueurs et bibliophiles de toute ignorance, qui, dans la nuit des temps, vous efforcez de distinguer l’ouvrier infernal des mains duquel sortit la boîte de Pandore ! regardez autour de vous, sous vos pieds, sur vos têtes ; ôtez vos lunettes, ô myopes ! sortez de votre puits, astrologues piteux ! Et voyez béant, hurleur, inassouvi l’abîme, l’abîme des sociétés iniques qui souffrent le mal et le répercutent à l’infini ! Le genre humain s’est mis à la merci d’une fièvre, d’une peste ou d’une maladie syphilitique ; notre race peut être retranchée d’un coup, par le caprice de la Parque cruelle, parce que nous-mêmes avons apporté notre tête entre les branches de ses ciseaux.

Qu’on jette une pierre dans une mare de fange, de fange et de sang ! Et le flot maudit poussera le flot maudit, et d’un rivage à l’autre mugira, triomphante, l’effroyable tempête ! Or la première pierre jetée dans la mare sociale, voyez-vous, ce fut la première borne que la main de la convoitise enfonça dans le sein de la terre déchirée. Oh ! malheur, malheur à celui qui grava sur cette borne les initiales de son nom de brigand ! Et trois fois malheur surtout à ceux qui ne la réduisirent plus en poussière !

Et sur cette société, réceptacle effroyable de tous les maux les plus lentement torturants, je n’oserais pas appeler les Choléras, Pestes, Famines et Fièvres malignes, cortège sombre de la Mortalité qui détruit des nations en un instant. Oh ! je les appellerai ! Il faut que le fer rougi soit porté dans la plaie fongueuse : car le feu purifie. Et dussé-