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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/267

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mière lutte l’épuisera, et ses intérêts menacés s’agenouilleront devant le premier despotisme qui leur promettra de les conserver.

Depuis longues années l’Occident n’entreprend plus de guerres de conquêtes. Nous n’en sommes plus aux temps où les Normands débarquaient sur toutes les plages leurs grands pirates blonds ; où l’heureuse issue d’une seule bataille remettait aux mains du bâtard Guillaume les îles grandes de la Bretagne ; où Charlemagne de France et Barberousse d’Allemagne posaient sur leurs têtes souveraines la couronne de fer ; où le soleil se levait et se couchait sur les grands domaines du superbe moine de Saint-Just. Les campagnes si justement célèbres de la République et de l’Empire des Français ne furent même, à proprement parler, qu’une glorieuse retraite devant la Barbarie naissante. Napoléon Ier, c’est Bélisaire[1].


XXVII.   Au point de vue du résultat social, guerre et

  1. Je me suis laissé dire qu’il existe, en ce moment, quelque part, dans le monde, un Napoléon III dont les journaux font grand bruit. Qu’a fait cet homme pour qu’on en parle ? Deux parties de chienlit et un travail de bourreau ! Qu’a-t-il pensé ? Le parjure ! Que parle-t-il ? Un mauvais jargon tudesque ! Quelle nation le subit ? La plus vantarde et la plus courbée des nations ! Que cette espèce d’homme fasse fouetter jusqu’au sang les bourgeois de ce grand pays, et que les bourgeeis de ce grand pays célèbrent à l’envi la gloire de ce grand homme ; ce ne sont pas là mes affaires. Les Français sont les plus bafoués et les plus grotesquement ridicules des hommes. Il y a longtemps que j’ai renoncé à mon dividende d’illustration française.
    La glorieuse nation, en effet, que celle qui fait enrouer tous ses curés pour célébrer la prise d’une bicoque abandonnée par les Russes ! La riche, la florissante nation avec ses bourgeois mourant de faim et de honte ! L’illustre nation que celle qui, dans trois mois, sera prise entre les glaces du dehors et la banqueroute du dedans, et ne trouvera plus ni un sou ni un homme pour suivre une guerre à peine commencée ! Mais chantez donc la gloire de la patrie, bourgeois de France, bourgeois aux truffes et au champagne à bon marché ! Imbéciles ! N’entendez-vous pas les éclats de rire de l’univers qui répondent aux salves des canons des Invalides ?