..... Et en Europe seulement, nous voyons Rome conquérir la Grèce ; les Barbares du Nord envahir l’Empire romain ; l’Espagne de Charles-Quint déborder sur l’Italie ; le continent débarquer sur les rivages d’Albion-la-Blanche les Danois de Suénon et les Normands de Guillaume ; puis Albion-la-Blanche déposer ses plus héroïques pirates, Robert Guiscard, Edouard III, Wellington, sur les côtes les plus fortunées de l’Europe. — À la faveur de ces chassés-croisés des peuples, les civilisations païenne, chrétienne et moderne développent les germes de progrès qu’elles contenaient.
Tous ces croisements portent leurs fruits. Dans chacun d’eux le génie de l’humanité puise de nouvelles forces et prend un nouvel essor. Par eux l’Amérique est ouverte à la Civilisation ; du Nord au Midi elle se couvre de colonies florissantes qui se détachent successivement de leurs vieilles métropoles, comme de jeunes chênes, de leurs troncs. À mesure que les croisements humains se rapprochent de nous, ils sont plus féconds ; ils s’étendent à de plus grandes masses d hommes, à des territoires plus vastes.
XXXV. La dernière et la plus féconde de ces alliances entre peuples est celle de la race anglo-saxonne et de la race hindoue. À voir la nature rapprocher la personnification la plus exacte de la froideur septentrionale du type le plus parfait de l’ardeur du Midi, on se prendrait à douter qu’un pareil croisement fût profitable. Cependant le résultat est incontesté. En un siècle, une compagnie de négociants anglais, aidée d’une poignée de soldats, a conquis au monopole l’un des plus riches et des plus vastes empires de la terre. Et ce résultat, devant lequel l’Univers s’extasie, est dû surtout au rapprochement des génies si profondément différents des deux peuples.
Sous le soleil des Indes le flegme de l’Anglais se fond,