puis tantôt un an que, dans l’Orient, sont tirés tous les glaives il ne s’est pas trouvé, dans l’Occident tout entier, un seul homme pour recueillir le sang qui coule, y tremper sa plume, et sur papier de deuil, écrire une prédiction vraie. J’y reviens, parce que je suis las d’entendre vociférer sans cesse : Vive la France ! ou Vive l’Angleterre ! Vive l’Empire ! ou Vive la République ! Vive le Privilège ! ou Vive la Communauté ! Je voudrais distinguer, dans les rumeurs des foules, une de ces grandes exclamations : Vive l’humanité ! Vive la Liberté ! Vite le Travail ! Vive l’Anarchie ! Vive le Bonheur !
Je reviens sur cette idée parce qu’il faut des voix jeunes pour annoncer tout ce qui est nouveau, pour vibrer sur les peuples comme la trompette du jugement, pour crier : En avant ! En avant ! La Guerre, c’est la Rédemption ! Dieu le veut ! le Dieu des criminels, des opprimés, des révoltés, des pauvres, de tous ceux qu’on torture ! Le Dieu Satan au corps de soufre, aux ailes de feu, aux sabots de bronze ! Le Dieu du courage et de l’insurrection qui déchaîne les faims dans les cœurs : notre Dieu ! Plus de conspirations isolés, plus de partis bavards, plus de sociétés secrètes ! Tout cela n’est rien, ne peut rien. Debout l’Homme, debout le Peuple, debout tout ce qui n’est pas satisfait ! Debout pour le droit, le bien-être, la vie ! Debout ! en quelques jours vous serez des millions. En avant ! par grands océans d’hommes, par grandes masses d’airain et de fer, avec grand bruit d’idées ! L’argent ne peut plus rien contre un monde qui se soulève. En avant ! d’un pôle à l’autre, tous les peuples, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil ! Et que le globe frémisse sous vos pas ! En avant ! la Guerre, c’est la Vie ; la Guerre au mal, c’est la bonne Guerre !
Déjà le Privilège a semé tant de furies derrière lui qu’il y a, en Gallicie, des mères qui font rôtir leurs enfants qui surveillent le feu, et qui mangent le fruit de leurs