raissent et peu à peu se confondent dans une médiocrité de gêne qui pèse sur tous et devient insupportable à tous. L’Occident est l’hôpital de tous ceux que tue le jeûne, le bagne de tous ceux que le travail consume. Il y a quelques années, on y comptait un pauvre sur sept habitants ; aujourd’hui, sur sept occidentaux, il y en a six qui se serrent le ventre pour faire taire la Faim, l’incorrigible criarde qui n’a pas d’oreilles. — Il résulte de cet état de douleur que les négations les plus hardies du droit d’aubaine s’imposent aux consciences ; il en résulte que le Crédit se substitue à l’Intérêt, la Jouissance communicative à l’Épargne frileuse, l’Échange aux couleurs vives à l’Usure amaigrie, le Travail attrayant à l’Exploitation décrépite, le Bonheur qui rayonne à la Privation pâlie. L’homme découvre enfin qu’il vivra plus heureux sans la lèpre de la Propriété, et que l’attaquer, c’est faire de l’ordre.
Par la force des choses, l’intérêt de l’argent est progressivement abaissé ; le papier-monnaie prend cours ; beaucoup plus de billets de banque sont émis que ne le permet le capital social ; on dégrève peu à peu les petites taxes, on fonde des institutions de crédit foncier, on commandite le travail ; la concurrence, en s’étendant, réduit à rien la prélibation du commissionnaire parasite. — En sorte que la valeur réelle du Travail se substitue peu à peu à la valeur fictive du Capital. En sorte qu’on finit par arriver à la gratuité du crédit, à la généralisation de l’Échange et à la suppression de tout ce qui leur fait obstacle.
Le Clergé, l’Armée, la Magistrature, l’Administration, les Parlements, l’Université, le Privilège sacrent, glorifient, encensent, protègent et paient tous les pouvoirs qui se superposent à la nation, la mitraillent, — l’avilissent. —